Viva america ? viva Trump ?? et nous ?

Trump

L’élection de Donald Trump n’est pas une surprise : elle était prévisible, à défaut d’être certaine bien entendu. Elle est un fait dont il faut prendre conscience et mesurer les conséquences sans a priori, si c’est possible pour un Français. Il est vrai que la grande majorité de nos compatriotes eussent préféré Kamala Harris, selon un sondage paru hier Mais voilà le sort des armes en a décidé autrement. Le sort des armes ! comme si c’était une guerre, une bataille. Dans les mots, on n’en fut pas loin, non compté les deux tentatives d’assassinat bien réelles à l’encontre de Donald Trump. Le sort des armes ? le sort des urnes plutôt, avec de simples bulletins de vote dans cet immense pays dominateur. Le fait s’impose démocratiquement, à tous, à nous aussi bien sûr. Je phrase, périphrase, comme pour reculer le moment où … où, pour nous autres Français, il faudra regarder en face, de front la réalité.

La première réflexion qui me vient à l’esprit, est simple : Donald Trump vient de se faire réélire. Réélire, il faut souligner. Cela veut dire beaucoup de choses. Il faut envisager la situation de deux points de vue. D’abord, la personne. Malgré les outrances du personnage, il lui a fallu faire preuve d’une sacrée persévérance. Ensuite, il a su trouver une majorité d’électeurs, nombre non négligeable de déclassés, d’obscurs, de sans grade. Sa campagne a été de ce point de vue remarquable : il est allé au contact des américains, sur le terrain.
Réélire, qu’est ce que cela veut dire. Une chose très importante, que les hommes politiques peuvent mesurer, mais tout aussi bien les personnes qui ont sollicité une nouvelle fois le suffrage de leurs concitoyens, suffrages, bulletins, mais bien plus la confiance. La réélection est une confiance renouvelée : ce renouvellement est le plus cadeau des électeurs à l’élu.
Un mot de ses outrances. Certains propos de campagne, à l’endroit de Kamala Harris notamment, étaient choquants. Mais en France, que ne voit-on, que n’entend-on à l’Assemblée nationale ! Gardons- nous de donner des leçons de bienséance aux autres, des leçons tout court même. C’est que, dans le monde entier, nous autres Français avons la réputation plus ou moins flatteuse d’être des donneurs de leçons. Nous allons devoir faire preuve de réalisme, et donc de modestie : en avant !

L ’élection de Donald Trump a des conséquences importantes. Mais il faut tout de suite nuancer le propos. Ces conséquences procèdent bien sûr de la personnalité du président, mais aussi de la situation des Etats-Unis au regard du reste du monde et de sa force économique et militaire. Kamala Harris n’eût pas été plus tendre avec la France et l’Europe. Je ne sais pourquoi me revient à l’instant en mémoire le pitoyable et impitoyable retrait des troupes américaines d’Afghanistan. Méfions-nous d’un raccourci entretenu par nombre de médias en France. Rappelons ce grand principe en vigueur aux US : America first.

Le Dauphine Libéré, édition Isère, titre « un jour historique ». C’est dire la mesure de l’évènement. Et dans l’édition de Valence de hier mardi était publiée une analyse de l’élection américaine par un enseignant de Sciences-po. Le titre réservé à cet article était surprenant « comme si on assistait à la chute de l’empire romain ». Je me suis étonné sur Facebook, et réitère ici. Il n’y a rien de comparable entre la chute de l’empire romain en 476 à Ravenne lorsque le jeune empereur Romulus Augustus, âgé de 14 ans, fut déposé, et les élections américaines marquées par l’affrontement Trump/Harris. La déposition de l’empereur se fit sans heurt ; c’était comme si l’empire s’était endormi ; un non-évènement. Alors l’autorité a disparu dans l’empire : il n’y avait plus ni ordres, ni commandement, ni chef. Ce fut le début de l’anarchie pour des siècles, les « siècles des ténèbres ».
Alors qu’aux US, la démocratie continuera à fonctionner, et mieux qu’on ne le dit de France. Alors qu’aux USA, la machine économique continuera à tourner à plein régime. Dans les 10 dernières années, les Etats-Unis ont pris une avance colossale sur la France et l’Europe. Les Américains sont beaucoup plus riches que nous, même si la redistribution des revenus est loin d’être égalitaire et juste. Les US dominent économiquement le monde, notre monde. Notre industrie a diminué de moitié en 10 ans, la leur a augmenté. Les Américains achètent nos entreprises, du moins celles qui sont rentables. Ils raflent les marchés, gênent nos exportations en imposant des droits de douane élevés.
C’est une forme de colonisation, colonisation économique s’entend, sournoise, insidieuse contre laquelle nous n’avons pas les moyens financiers de nous opposer. Nous tous aussi bien les Français que l’ensemble des pays européens. Et pourtant l’Union européenne pourrait, devrait peser face aux US. Ne manque que la volonté, une volonté efficace, pugnace, ce qui suppose une volonté commune. Et c’est là que le bât blesse, car il n’est pas d’ordre financier, il est d’ordre politique. L’Europe est divisée, faible. Pologne et Hongrie regardent depuis longtemps vers les Américains, préfèrent les avions, etc … américains aux avions français, … Le couple franco-allemand n’existe plus réellement ; c’est un vieux couple, proche du divorce s’il n’y avait des questions de convenance ; son inefficacité est certaine : l’Allemagne ne pense que Chine et USA, ce qui se fait à notre détriment. Adieu textile, métallurgie, pharmacie, et maintenant c’est notre fleuron Michelin.
Donald Trump ne fera pas de cadeau. Il a annoncé relever les droits de douane. Kamala Harris, pas plus sympa, rêvait de créer un nouveau fonds d’investissement en soutien des entreprises d’Outre-Atlantique. Dans les deux cas, France-Europe/USA = KO.
Cette élection n’est pas bonne pour nous, quel que fut le vainqueur (j’insiste). Ce n’est pas du tout une bonne affaire. Les bourses européennes ont justement réagi à la baisse.
Dura lex, sed lex. Ah oui, la loi ! les règles, le droit. Parlons-en. Il n’existe pas au profit des Etats Unis de privilège de juridiction consigné dans un traité, mais c’est tout comme. Les juridictions américaines se sont arrogées le droit de juger aux US, selon les lois américaines, les litiges développés à l’étranger dès lors qu’ils concernent des intérêts américains. America first. « Il faut sauver le soldat Ryan » ! Eux, les Américains, ils savent faire quand il s’agit de leurs patriotes, de leurs intérêts, de leur fric. Nous, non ; on l’a vu avec l’affaire Carlos Ghon (quels que soient ses mérites et défauts) où le Président de la République française s’est incliné devant le Japon (grand allié des US). La volonté, la pugnacité sont essentielles dans tout combat.

Nous sommes en train de devenir le 51ème état des Etats Unis.
J’ajoute que nous devons regarder les USA comme des amis, pas comme des ennemis. La compétition, la concurrence économique, la divergence juridique ne doivent pas nous faire oublier que les Américains sont venus deux fois, et heureusement, à notre secours, en 1918, en 1944, qu’on leur doit beaucoup. Il est très dommage, et il faut combattre cette tendance, de tout dénigrer dès qu’il s’agit des Américains. Mais quels pays, qui donc préféreraient nos élites wokistes qui ont encore la chance d’exprimer leurs idées, même les plus incongrues ?

J’arrête mon propos ; il y a tant à dire.

Mon propos ne se veut pas pessimiste. Je suis optimiste de tempérament. Il faut se replonger dans notre histoire. En 1589 quand Henri IV devient roi de France, le pays est ruiné par les 8 guerres de religion. Ruiné totalement. Il s’est relevé avec vaillance. Nous ferons pareil. La lutte contre l’adversité (américaine) commence !

Dominique Fleuriot, Docteur en droit, Avocat au barreau de Valence

Je veux - ZAZ

Eartha Kitt - Angelitos Negros

La Marseillaise par Django Reinhardt et Stephane Grappelli

Le Diable rouge d'Antoine Rault - Bande Annonce