Lors de son discours de politique générale, le 1er octobre 2024, le Premier ministre a indiqué reprendre l’examen du projet de loi sur la fin de vie, interrompu par la dissolution de l’Assemblée nationale quelques jours avant le vote solennel fixé au 18 juin 2024. Ce faisant, M. Barnier va réouvrir les passions. Dans son esprit, il s’agissait d’achever le travail législatif, auquel il ne manquait plus que la discussion finale, et ne pas reprendre le difficile cheminement des débats sur les différents éléments du texte. En gros, il s’agissait d’achever et vite le travail entrepris.
Sauf que cette position n’a pas plu à tout le monde, et non des moindres acteurs de notre pays. Le corps médical est divisé. Et les représentants des diverses religions sont très réticents, sinon opposés.
Nombre de soignants sont prêts à un nouveau bras de fer. Pour des questions de principe : aide à la fin de vie ou suicide assisté ou plus exactement ? euthanasie, le débat est douloureux. Mais aussi pour des raisons pratiques : il y a des départements où dans les hôpitaux, il n’y aurait pas de lits dédiés à la fin de vie. Il y aurait aussi des motifs financiers, puisqu’il faudrait augmenter le budget de 100 millions d’euros, et créer vingt unités de soins palliatifs ce qui paraitrait irréalistes, selon ces soignants opposés.
Les représentants des religions catholique, protestante, juive sont très réticents, sinon opposés. Ecoutez l’intéressante intervention du Professeur Sadek BELOUCIF, professeur agrégé de médecine, référent pour les questions de fin de vie de la Grande mosquée de Paris (cf site Assemblée nationale/ audition en commission// cf internet).
Il s’agirait selon l’expression du gouvernement précédent d’une « aide à mourir ». L’expression a plu à certains, qui lui trouvent une connotation bien sympathique. Mais alors, ne serait-il pas plus simple, moins coûteux de déployer et renforcer les unités de soins palliatifs, dont l’efficacité est avérée.
Au centre du débat qui n’est pas réservé aux députés et sénateurs, mais qui doit interroger toutes les familles, au centre vais-je répéter, se trouve la question de la volonté de la personne qui se trouve sur le quai, en partance vers l’au-delà ou le néant selon les croyances intimes. C’est à dessein que j’emploie le terme « personne » et non individu. La personne n’est pas qu’un individu, c’est aussi un ensemble complexe : il a fallu longtemps pour que le législateur prenne en compte les droits extra-patrimoniaux d’une personne,
Le retour du texte pourrait se faire dès le mois de décembre si les groupes politiques décident de l’inscrire au menu de la « semaine de l’Assemblée » par le biais d’une proposition de loi que déposerait le député Modem Olivier Falorni, laquelle proposition reprendrait intégralement le projet de loi. CQFD. M. Barnier le 1er octobre voulait faire plaisir à tout le monde, ou presque !
Pour l’instant, la loi Léonetti est toujours en vigueur. Au centre est le respect des volontés de la personne. Aussi est-il utile de rédiger ses « directives anticipées », les déposer chez un notaire ou mieux les porter sur soi, et à mon sens bien mentionner vouloir l’application de la loi Léonetti.